Charles Auguste BRAMA
Pourquoi BRAMA ?

 

La sage-femme a choisi un nom curieux : BRAMA n'est pas commun dans toute l'Europe, et totalement absent dans l'Orne à ce moment.

 

Quatre hypothèses peuvent cependant être émises.

1 - Un nom fabriqué

En étudiant la région d'Alençon (Orne et Mayenne), on ne trouve aucun BRAMA antérieur à Charles Auguste. Cela est bien en accord avec la circulaire ministérielle du 30 juin 1812 sur le choix du patronyme des enfants trouvés (1).

 

Cette circulaire oblige en effet les officiers de l'Etat Civil à ne pas toujours donner le même nom aux enfants trouvés, et de le choisir dans des patronymes qui ne sont pas utilisés dans la région pour réduire les risques confusion et de fraude à l'identité. L'officier est invité à choisir des noms de l'histoire ancienne, en rapport avec les caractéristiques de l'enfant ou peut être même dans des registres en provenance de régions lointaines...

 

Pour infirmer ou confirmer cette hypothèse, il faudrait relever les patronymes des enfants trouvés de cette période à Alençon pour tenter de déduire la logique d'attribution des noms.

 

Cependant, l'acte de naissance rapporte que c'est la sage-femme et non l'officier d'état civil qui a donné le nom à l'enfant. Il est donc raisonnable de penser qu'elle n'avait pas le devoir de respecter cette règle et que le nom qu'elle a choisi lui vient de son expérience personnelle, avec son passé, avec la mère de l'enfant, avec sa culture…

2 - Une référence hindoue ?

Aucune figure historique française ne porte ce patronyme.

 

Il y avait un regain de passion pour les mondes lointains. Il pourrait donc y avoir une référence érudite au dieu hindou " Brahmâ ".

Brahmâ, dieu créateur, symbole de l'activité, représenté avec 4 bras et 4 visages.

3 - Le caractère du nouveau-né ?

Le nom de l'enfant pourrait avoir été donné à l'enfant pour rappeler ses pleurs (bramer = se plaindre), mais pourquoi avoir conjugué le verbe au passé simple ? D'autant plus que ce terme d'origine occitane n'est pas à sa place dans l'Orne, ni dans le vocabulaire de la sage-femme qui, d'après son nom (Getzler) serait plutôt d'origine alsacienne.

Gravure de 1887 (extrait)

4 - Le nom du père ?

L'acte de naissance mentionne que c'est la sage-femme qui a donné ses nom et prénom à l'enfant, et non pas l'officier d'état civil. Il est donc possible que la sage-femme, connaissant la mère de l'enfant - puisqu'elle l'a accouchée - ait nommé l'enfant conformément au désir de la mère. Dans ce cas, BRAMA pourrait être le nom du père.

 

C'est à mon avis l'hypothèse la plus plausible pour expliquer le choix de ce patronyme si curieux.

(1) Anne Lefebvre-Teillard : Le nom, droit et histoire. (Presses Universitaires de France, 1990).

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